SIEL BLEU

SIEL Bleu, la couleur de l’espoir 

Les débuts furent difficiles. En 1997, lorsque Jean-Michel Ricard et Jean-Daniel Muller frappent à la porte des maisons de retraites alsaciennes, on les prend un peu de haut. Deux jeunes, fraîchement diplômés de STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives) et qui proposent – contre rémunération ! – des cours d’activité physiques pour personnes âgées ! Fantaisiste et illusoire ! 

Dix ans plus tard, Jean-Michel et Jean-Daniel dirigent SIEL BLEU (Sport, Initiative et Loisirs ), un réseau de prévention santé par l’activité physique (le premier en France) qui couvre 69 départements, emploie 175 salariés (les chargés de prévention) qui interviennent dans 1450 établissement où ils accompagnent chaque semaine 40 000 personnes âgées dans des activités spécifiquement élaborées pour répondre aux problématiques du vieillissement et du handicap. 

Dans l’intervalle, on a compris des choses. Les seniors sont et seront de plus en plus nombreux, ils vivront plus longtemps, et les pathologies liées au grand âge seront de plus en plus lourdes pour les comptes sociaux. Or toutes les études scientifiques prouvent que l’on vieillit beaucoup mieux si l’on conserve une activité physique, fut-elle modeste. 

Ceci, les deux étudiants l’ont compris alors qu’ils sont encore sur les bancs de la fac. Ce projet, ils l’ont déjà en tête. Les déconvenues des premiers temps ne les arrêtent pas. Au début, ils sont les bénévoles de l’association qu’ils créent à Strasbourg en 1997. Ils vivent alors de petits boulots et poursuivent leur croisade. C’est une initiative du Conseil général du Bas-Rhin qui amorce le mouvement à travers une subvention d’incitation. Une forme d’essai gratuit pour les établissements. Essai convaincant, le bénéfice santé est évident. L’association se structure et commence à essaimer. Les deux fondateurs aident à la mise en route de leurs antennes départementales. Ils voyagent par train de nuit pour économiser l’hôtel. Les politiques s’intéressent à l’aventure. Martine Aubry qui suit de près l’évolution du projet, Paulette Guinchard-Kuntstler, secrétaire d’État aux personnes âges entre 2001 et 2002 et qui leur ouvrira bien des portes. Le réseau grandit, les activités s’élargissent. Ce sont désormais les établissements et les collectivités qui sollicitent ces innovations : interventions spécifiques pour les malades d’Alzheimer, les handicapés, actions pour la prévention des chutes, stage de préparation à la retraite… L’université Marc Bloch de Strasbourg met en place une formation diplômante qui formalise le savoir-faire acquis par les deux fondateurs. En 2006, Marie Heitz, la sœur de Jean-Daniel Muller interpelle son grand frère :« tu t’occupes des corps, c’est bien, mais il ne faut pas oublier la tête ». Marie est théologienne et enseignante. C’est elle qui développera Culture SIEL, une autre belle idée qui permet à des personnes encore valides d’oser entrer ensemble dans un musée ou d’assister à une conférence sans cette crainte confuse de « ne pas être à la hauteur ».

Aujourd’hui SIEL BLEU autofinance ses activités à hauteur de 75%, le solde provenant pour l’essentiel des aides à l’emploi. Un apport sans commune mesure avec le bénéfice social que représente cette prévention intelligente.