LA MONTBÉLIARDE

Portrait d'une magnifique laitière

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Rédigé pour un ouvrage, édité par la ville de Montbéliard, retraçant l'histoire du Pays de Montbéliard.

La Montbéliarde, ambassadrice de charme.

Son regard est si doux, son pas si tranquille. Elle vous regarde un instant, puis son mufle moelleux et humide retourne à la prairie. La langue râpeuse arrache méthodiquement l’herbe grasse qu’une alchimie divine va transformer en lait tiède et odorant. Elle est belle dans sa lenteur. Son pis est déjà lourd, faisant saillir les veines sous la membrane duveteuse. Quelle poétique usine, quelle merveilleuse transformatrice !
La montbéliarde à cent quinze ans. L’histoire lui attribue un père. Joseph Graber est un éleveur de confession mennonite dont les ancêtres, en des temps tourmentés, avaient trouvé, en principauté de Montbéliard, un précieux esprit de tolérance. En 1872, il présente au concours agricole de Langres, un lot de vaches patiemment sélectionnées et croisées avec des taureaux originaires de la Suisse voisine. Ce lot de montbéliardais est remarqué. C’est la naissance d’un modèle, d’un beau modèle, plutôt grand (1,40 m au garrot), à la robe rousse et blanche formant des taches nettement délimitées, au front plat, au mufle large, aux membres fins mais à l’ossature solide. Avec l’ouverture de son registre officiel, le modèle devient une race en 1900.
Un siècle plus tard, la Montbéliarde est l’une des meilleures laitières qui soit. C’est à elle que l’on doit l’incomparable richesse aromatique du Comté, du Morbier, du Gruyère de France… Sa grande faculté d’adaptation, sa robustesse et son rendement lui valent, aujourd’hui, de brouter également sous des cieux exotiques. Le belle s’exporte et contribue au rayonnement de sa Franche-Comté natale.
Mais ce ne sont pas ses performances qui nous font aimer ce doux animal. C’est peut-être, et tout au contraire, sa lenteur. Dans un monde qui pousse à la vitesse et qui, parfois, s’emballe un peu, il nous plait de constater la présence immuable de cette paisible résistante. De nos trains rapides emplis de conversations numériques, c’est nous, désormais, qui regardons avec nostalgie et tendresse, celles qui nous rappellent qu’aujourd’hui encore, le bonheur est dans le pré.

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