JOURNÉE AU PARC !

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Rédigé pour un ouvrage, édité par la ville de Montbéliard, retraçant l'histoire du Pays de Montbéliard.

Au parc…

Une cane au dandinement comique quitte la berge et s’aventure sur l’immense tapis gazonné. Derrière elle, dans un désordre piaillard, cinq canetons rivalisent d’efforts pour garder le sillage malgré une herbe trop haute pour leurs pattes miniature. Le soleil matinal n’a pas encore dissipé cette fraicheur qui engourdit encore deux cygnes noirs au col alangui.

Aux premières heures du jour, le Parc Près la Rose est le royaume des adorateurs de la rosée. De ces flâneurs contemplatifs, maman cane sait qu’elle n’a rien à craindre.

Il n’en sera pas de même un peu plus tard, lorsque débouleront les bambins aux cris perçants et à l’enthousiasme terrifiant. À ce moment-là, il sera temps pour elle de prendre le large avec sa jeune escorte, s’approchant seulement de la berge pour piquer, à la surface de l’eau, l’offrande quotidienne de miettes de toutes sortes, lancées maladroitement par les petites mains. Heureusement pour la tribu palmipède, le par offre aux enfants de quo détourner leur attention d’une vie de famille qui mérite bien un peu d’intimité.

Tout au bout de la grande allée bordée de peupliers centenaires, véritable boulevard fleuri pour landaus et poussettes, la Fontaine Galilée exerce sur les marmots une irrésistible attraction qui aurait fait sourire le savant. Posée sur une coupelle géante, une boule de granit poli de 1 500 kg se laisse tourner dans tous les sens par les frêles bambins. Les parents expliquent : l’eau comprimée par la masse, l’équilibre des forces… mais la chose est trop compliquée pour dissiper la magie.

Une autre source d’émerveillement… et de vague inquiétude ; la labyrinthe. Composé de 6 000 thuyas sournoisement disposés en un parcours inextricable, il faut un bon quart d’heure de tâtonnement pour en trouver la sortie. Mais toute patience a ses limites et l’aire de jeux avec son arbre de cordes et le toboggan-stégosaure offrent de quoi épancher l’énergie bruyante des plus petits.

Un peu lus loin, sur la piste de rollers, quelques graines de champions répètent leurs voltiges aériennes sous le regard d’une poignée d’admiratrices. Une course de tricycles improvisée encercle le bassin et ses jets d’eau.

En fin d’après-midi, le parc retrouve une ambiance plus paisible. Quelques liseurs se sont installés au borde de l’eau, les bancs accueillent de tendres conciliabules et les cygnes viennent chercher un peu de fraicheur à l’ombre des massifs. Sortis d’un lycée voisin, quelques étudiants se sont installés, en corolle, au beau milieu d’une pelouse.

Sur la berge, un caneton téméraire vient fouiller du bec les graviers saupoudrés de toutes les miettes de la journée.

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